Plaques photographiques – 1 Etat des lieux

C’est fou ce que le grenier d’une vieille maison peut receler de trésors. Notamment quand, au détour d’une fouille spéléologique, un vieux carton moisi par l’humidité révèle un contenu pour le moins inattendu : une jolie série de photos sur plaque de verre, malheureusement dans un état pas très folichon.

plaque photographique
Une des plaques retrouvée dans mon propre « carton moisi par l’humidité », en positif

Lorsque celles-ci sont abîmées, un bon nettoyage et une petite phase de numérisation sont nécessaires avant de les conserver dans de bonnes conditions. Retour sur quelques astuces et bonnes pratiques génériques.

1- Attention, objet fragile et capricieux

Premier point et non des moindres : Lorsque l’on manipule une photo sur plaque de verre, qu’elle soit en bon état ou non, de bonne qualité ou non, il faut garder en tête que c’est un support d’une redoutable fragilité. Alors soyez attentif, soigneux, et manipulez-la avec la précaution que vous prendriez à déplacer votre précieuse tour PC ou votre vase en verre de Murano.

Les plaques photographiques comportent, sur l’une des faces, l’émulsion qui constitue la photo. Le support est fragile, mais cette mince couche est encore plus délicate. Et elle n’apprécie pas particulièrement les splendides marques de vos dermatoglyphes sous forme de dépôts gras et acides lorsque vous posez amoureusement vos doigts sur elle.

fingerprint
Quelqu’un est visiblement passé par là sur l’émulsion. Dommage !

Si vous les avez trouvées dans un carton, ne les laissez pas empilées les unes sur les autres, et encore moins émulsion contre émulsion. Au moindre heurt, elles risquent de se rayer, se fendre voire même de se casser, sans même parler du fait qu’avec le temps, les plaques risquent d’adhérer les unes aux autres, entraînant des détériorations physiques et chimiques parfois irréversibles. Il existe des boites et des pochettes d’archivages conçues exprès pour protéger au mieux ce type d’objet.

gant nitrileSi vous n’avez pas de gants, manipulez toujours vos plaques photographiques par la tranche.

Pour manipuler les plaques sans les abîmer, on peut utiliser des gants en coton non pelucheux ou en plastique inerte (comme le nitrile par exemple) non talqués.

LightMes plaques photographiques sont au gélatino-bromure d’argent, lesquelles noircissent si on les expose à la lumière. Elles sont également, comme toutes les plaques photographiques, sensibles à l’humidité dans l’air et la température. J’évite donc de les sortir plus qu’il n’est nécessaire, et dans des pièces qui ne sont pas trop chaudes (pas plus de 23°).

Identifier le type de plaques photographiques que vous possédez permet d’obtenir tout un tas d’informations sur comment les nettoyer au mieux et les conditions optimales de conservation.

2- Identifier le type de photos

Les bonnes ressources qui permettent d’estimer le type de photo que vous avez récupéré ne manquent pas, et refaire tout un laïus sur l’histoire de la photographie serait inutile. Je vous invite donc à parcourir ces pages, qui vous permettront d’en savoir un petit peu plus sur les plaques photographiques. De proche en proche, il est assez aisé d’estimer à quel type de plaque photographique on a affaire. Personnellement, ça m’a toujours intéressée mais de là à savoir reconnaître en un coup d’œil le type de procédé employé, il y a un monde.

Pierre.connoly.net : une grille de datation approximative qui, à défaut d’être complète, donne des pistes d’idées à approfondir.
Expertisephoto.com : présentation des principaux formats de plaques photographiques en un bref résumé de leur aspect général et de leur histoire.
Mediatheque-patrimoine.culture.gouv.fr : Présentation un peu plus exhaustive mais courte des procédés photographiques tous supports confondus.

Dans tous les cas, si vous avez un doute, vous pouvez toujours demander aux passionnés de photos anciennes en leur adressant un petit mot via des forums photo. Les réponses fusent généralement assez vite et regorgent d’informations passionnantes sur comment les conserver, à qui les céder, les nettoyer, etc. Vous pouvez également les faire estimer chez un professionnel.

3- Evaluer leur état de dégradation

Au cours du temps, les plaques photographiques peuvent avoir subi différents types de dégradations. Ces altérations peuvent être de nature chimique, physique ou biologique et peuvent attaquer aussi bien le support que l’émulsion. Les causes peuvent êtres variées : maladresse, résidus chimiques, variations hygrométriques, mauvaises conditions de conservation et de manipulation, etc. Petit point sur les principales dégradations que l’on peut observer dans le cas de plaques photographiques.

Dégradation du verre

La composition des verres utilisés comme support n’est pas toujours stable et provoquent des altérations qui se traduisent par une opacification de l’émulsion ou par des dépôts blanchâtres.

plaques - cassureCassures et fêlures

Le support en verre est particulièrement fragile et donc sujet à se casser et fêler rapidement. Les manipuler avec une grande précaution est le seul moyen d’éviter toute altération supplémentaire.

Adhérence des plaques

Si les plaques sont entreposées les unes sur les autres dans un lieu où l’hygrométrie est importante, Ces conditions peuvent favoriser l’adhérence des plaques entre elles. Il est alors difficile de les séparer sans dégrader les émulsions des plaques. Pour prévenir efficacement ce problème, plusieurs solutions simples et abordables sont à votre disposition (conservation dans un lieu approprié, pochettes optimisées, boîtes d’archivages, etc.). La plupart des méthodes de décollement des plaques (mécanique, chimique ou thermique) comportent des risques définitifs de destruction. Tout dépend à quel point les plaques sont collées et les moyens à disposition. Bref, si vous ne le sentez pas, adressez-vous à un professionnel.

Rayures sur l’émulsion

plaques - rayure
On voit nettement une rayure et une fêlure côte à côte, ainsi que les grains de poussière ayant rayé l’émulsion par frottements.

Les rayures sur l’émulsion peuvent apparaître si les plaques ne sont pas conservées dans des conditions optimales, par exemple dans le cas où elles sont conservées empilées les unes sur les autres sans protection. Leur déplacement ou manipulation entraînent des frottements qui finissent par rayer l’émulsion.

Miroir d’argent

Cette altération est également appelée voile dichroïque en raison des reflets bleus et jaunes que prend l’émulsion à la lumière. Cette altération apparaît lorsque les plaques sont conservées dans de mauvaises conditions, ce qui favorise la migration de l’argent à la surface de l’émulsion.

Dégradations biologiques

Si les plaques de verre sont conservées dans un lieu où l’humidité est trop importante, cela peut favoriser la prolifération de micro-organisme dans l’émulsion. Le déplacement des plaques de verres dans un lieu approprié (ici, une atmosphère sèche) peut favoriser l’arrêt de l’infestation.

4 – Etats de mes plaques

plaques - etiquettes
Dégâts causés par les étiquettes et les petits malins ayant tentés de les arracher

Malgré les conditions peu convenables dans lesquelles elles ont été conservées (vieux carton, région extrêmement humide, entassées les unes sur les autres…), elles sont globalement dans un assez bon état. Pour résumer, le lot est constitué de 27 plaques photographiques au format 13×18.

Pour estimer le type de plaques photographiques auquel j’avais affaire, j’ai ressortis mes cours d’ingénieur sur l’archive, la restauration et la connaissance des supports donné par Frederic Rolland (je viens de prendre un coup de vieux en disant ça).

Le cours était essentiellement orienté vers le cinéma, mais également très détaillé sur l’histoire de la photographie. Je ne peux que vous conseiller d’aller jeter un oeil sur le site de Frederic Rolland, c’est une mine d’information sur le cinéma. Ces cours plus quelques sites d’informations glanés à droite à gauche, et j’ai pu à peu près être sûre du type de plaque que j’avais entre les mains.

Les dégâts les plus sérieux que j’ai observé dans mon lot concerne une plaque dont l’image est presque illisible. Comme j’ignore le type d’altération qu’elle a subi, je l’ai mise de côté en attendant de croiser la route de quelqu’un susceptible de m’en dire plus. Sinon, seule une cassure, quelques fêlures, étiquettes, rayures et principalement une tonne de poussières sont à déplorer. Une bonne séance de nettoyage s’impose donc avant de pouvoir toutes les numériser.

Tout conseil et suggestion est bon à prendre, donc si vous en avez à partager, n’hésitez pas à me contacter ou me laisser un commentaire, ça m’intéresse ! :)

À suivre ! :)

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